Nanie va vous raconter une petite histoire. Une histoire vraie, malheureusement. Certains la connaissent déjà, mais maintenant Nanie a pris suffisamment de recul pour vous la raconter dans son blog.

Fin novembre 2011, je fais la rencontre d’un couple de futurs jeunes parents. Ils viennent me rencontrer, car ils sont à la recherche d’une personne pour Septembre 2012. Bébé est prévu vers Février et restera les premiers temps avec maman en congé parental. Ensuite ce sera chez une assistante maternelle. L’entretien durera quasiment 2h, un très bon feeling se dégage. Comme je suis la première qu’ils rencontrent, les questions se succèdent et ils sont rassurés par toutes les solutions et réponses que je leur propose. Quelques jours plus tard, leur décision est prise et ils souhaitent me confier leur futur trésor. Nous signerons ensemble un engagement qui débauchera sur un futur contrat de travail. Nous sommes en décembre 2011.

Entre temps, j’ai anticipé des démarches auprès de ma PMI, car étant agréée pour 3 enfants simultanément et ayant une fille qui aura ses 3 ans seulement fin octobre de l’année 2012, il faut pour moi régler un souci de chevauchement pour une durée de 2 mois. Ayant trouvé un accord avec ma puéricultrice, à savoir l’attribution d’une 4ème place temporaire et d’un engagement de ma part à la restituer aux 3 ans de ma fille, nous finalisons mon dossier et une réponse positive m’est adressée début juin 2012. De plus, les parents m’avaient demandé si j’acceptais les CESU. Je me renseigne et leur dis que j’ai ouvert un compte pour les CESU préfinancés et que je voulais bien les accepter pour les frais d’entretien.

Tous les parents qui m’emploient sont informés et je m’empresse de prévenir les parents pour annoncer et confirmer que toutes les démarches ont bien abouti. Quel ne fut pas ma surprise à l’annonce de cette « bonne nouvelle » ! Les parents, surtout la maman, était convaincu que j’allais accueillir 3 enfants et que ma fille serait à l’école. Sauf que le phénomène de l’école allant être nouveau pour Emma, nous avions anticipé avec son papa et décidé de ne la mettre que le matin pour commencer, le temps qu’elle s’adapte à ce nouvel univers ! Je prépare les adaptations pour les parents et enfants que j’accueille, je pense qu’il est normal et logique, qu’en tant que maman moi-même, je pense également à l’adaptation de ma propre fille ! elle qui n’a jamais connu la séparation. Je pense que c’est naturel et compréhensible par le commun des mortels ?! Apparemment, non, pas par tout le monde…

La maman pensait que ma fille serait à l’école. (et le soir, et les mercredis je la fous dehors ? je la colle à la garderie ?) Je les rappelle pour bien leur expliquer ce qui devrait être le plus simple à comprendre. Mais lorsqu’ils m’ont rencontrée, ils ne s’étaient pas projetés aussi loin que moi, qui l’avais imaginé à l’époque.

Nous devions nous rencontrer pour signer notre contrat et la veille, je reçois un sms m’informant que leur enfant est malade et que je serais recontactée début de semaine qui suit pour déterminer d’un nouveau rendez-vous. A cet instant, j’ai froid dans le dos, comme si un 6ème sens se réveillait subitement.

Je n’ai pas précisé que l’enfant en question a eu quelques soucis après la naissance, de gros reflux importants et qu’il avait été plusieurs fois à Paris, dans des services spécifiques. De nos jours, les enfants ont ce type de troubles, à plus ou moindre échelle, mais je suis quelqu’un qui peut comprendre les choses et les inquiétudes suite à cela, si j’avais été prévenue plus tôt.

Le week-end passe et pas de nouvelles en début de semaine. J’envoie un mail (mon côté administratif reprend le dessus) pour demander un rdv, car le temps passe très vite et les vacances d’été allaient arriver rapidement, puis la période d’adaptation etc… faut qu’on planifie le besoin réel de cette adaptation. Rien. J’envoie un texto pour relancer…et j’en reçois un retour… c’est le début de la descente aux enfers pour moi….

Au premier texto, j’en reste complètement abasourdie. La maman apprend son licenciement…(sauf que normalement elle est censée être en congé parental) bref, dans tous les cas ce n’est pas suffisant pour un engagement réciproque. Bien entendu, je prends le téléphone pour avoir d’explications : je suis vraiment retournée, consternée et j’ai envie de pleurer… je garde mon calme et laisse un message sur le répondeur, ma voix est neutre (je ne vais pas sauter au plafond)

Impossible de joindre la maman au téléphone, mais les sms passent. Sa fille dort et elle ne peut pas décrocher. Je vais vous faire lire ouvertement la conversation « sms », conversation que j’ai dû garder au chaud jusqu’à récemment. Car vous vous en doutez bien que je ne me suis pas laissée faire. J’ai prévenu ma puéricultrice, les larmes aux yeux. Elle me remonte le moral et me suggère les prud’hommes et beaucoup de courage dans mes démarches. Oh oui ! je suis syndiquée, cela ne va pas trainer. Le but à l’origine n’était pas d’adhérer et faire peur aux parents, mais plus dans une optique d’informations et de mises à jour de textes de lois.

Après contact avec mon syndicat, je dois attendre au vu de mon document que les parents ne me présentent pas l’enfant. Et là, je pourrai envoyer un dossier protocolaire.

Les jours passent et la fameuse date du 6 septembre arrive. Mon conjoint dépose Emma à l’école, j’attends, personne. Je préviens ma puèr de la situation et l’informe que je pars me promener avec les enfants pour leur faire profiter du beau soleil, je ne suis pas seule, une collègue m’accompagne. Ensuite je récupère ma fille à l’école ; je protège ainsi mes arrières par des témoins physiques et téléphoniques. Résultat, personne n’est venu, pas de message sur ma porte.

Je monte mon dossier et j’attends, j’ai tout mon temps de toute manière, je sais que je suis dans mes droits…

… en Janvier 2013, je reçois un appel un samedi midi. Il s’agit de mon intermédiaire qui avait entrepris des démarches téléphoniques avec la maman fautive… elle a fini par bien comprendre la situation dans laquelle elle s’était mise et qu’elle n’avait aucune excuse au regard des documents en possession du syndicat. Tout est parfaitement limpide, agréments en règle et démarches entreprises parfaitements en règle. Deux solutions : soit régler le dédomagement de 15 jours de salaires, soit se déplacer un jour à une audience… faites vos calculs !

Le jour où j’ai été prévenue par mon syndicat, un chèque adressé à mon nom était en leur possession ! Enfin la fin de cette histoire ! Un poids en moins.

Somme d’argent certes toujours la bienvenue, mais qui ne remplacera pas ni ne compensera le mal engendré. Mal être car des projets d’accueil qui s’effondrent, le fait d’avoir refusé des parents, le fait de s’être investie à fond dans cette aventure et d’y avoir laisser une partie de moi, le fait de me faire traiter de menteuse au final…alors que je leur avais tout fourni…

J’avoue que la période de juin a été très dure moralement pour moi, en plus le besoin de soleil et de repos se faisait sentir. Dur de s’entendre dire « 4 enfants » c’est trop… le pire a été se l’entendre dire par une de ses amies-collègues ! quelle maladresse n’a-t-elle pas commise ce jour-là ! car il n’est pas de son ressort de juger ce type de situation, mais bel et bien à la puèr’. Nous, nous sommes assistantes maternelles avec des origines de travail différentes, donc il faut savoir rester à sa place !

Accueillir des enfants demande d’être organisée, ouverte, patiente, pédagogue, honnête avec soi-même et les gens…aussi d’avoir le sens du relationnel et de la franchise (savoir aborder les problèmes avec les personnes au lieu de critiquer par derrière). Qu’il y en ait 2 ou 4, le principe reste le même, c’est du « boulot » mais lorsque l’envie et la passion sont plus fortes que tout le reste… je suis capable de beaucoup ! et puis je voulais être prof, fut un temps ! 😉

J’en tire beaucoup de leçons, mais aussi j’en sors très renforcée et encore plus déterminée. Je continuerai à faire ce que j’ai donné à ces parents, mais avec très grande franchise : je ne me cache pas derrière cette histoire et je ne cache pas le fait d’être adhérante à un syndicat. Je ne veux pas faire peur, mais faire prendre conscience aux gens qu’on ne peut pas me traiter ainsi… Je ne vous cache pas le bien fou que cela me proccure de pouvoir l’écrire ouvertement !!!

Je donne beaucoup, sans forcément réclamer quelque chose en contre partie… juste « merci et de la reconnaissance » me suffisent 🙂

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16 thoughts on “Témoignage : retour sur une descente aux enfers

    1. merci, surtout que tout c’était superbement bien passé, c’est cela qui fait le plus de mal… tu ne t’y attends pas…

  1. ce qui est positif, c’est que tu as été soutenue par ta puer et la Pmi (si j’ai tout compris !). Je connais le cas d’une collègue qui a vécu à peu près le même genre de situation, mais la Pmi était prète à témoigner CONTRE elle, en prétextant qu’un engagement réciproque n’avait aucune valeur juridique … La collègue en question, pourtant expérimentée et solide, a eu du mal à s’en remettre !

    1. la preuve que si, un engagement a une valeur juridique, le plus difficile est de le faire valoir et de s’accrocher. Je peux comprendre ta collègue, on ne s’en remet pas comme cela… surtout si elle n’a pas eu de soutien de sa PMI ! J’ai fini par relativiser le temps que le dossier soit étudié et le jour J, j’ai poussé un ouf de soulagement. Le fait de l’écrire maintenant me permet d’enterrer cette histoire et de laisser une trace de mon vécu d’assistante maternelle. Ca forge beaucoup… 🙂

  2. tu as de la chance d avoir ete soutenue moi une maman me doit de l argent depuis juillet 2012, mais la puer ne peut rien pour moi, est-ce normal????

    1. Ma puer a été là pour le moral. Mais sur le plan juridique, elle ne peut rien faire. Comme je suis syndiquée, j’ai entrepris mes démarches via mon syndicat, car en suivant un protocole j’ai monté un dossier avec eux. Ils ont réussi à convaincre la maman, sans que cela n’aille jusqu’aux Prud’hommes via leur assurance juridique. Si tu es seule, tu dois t’adresser à ton assurance juridique, voir s’ils peuvent te prendre en charge et jusqu’où ils te suivront financièrement. Le plus souvent tu avances les avocats et ensuite t’es dédommagée…
      T’es d’où Carole ? ça fait combien de temps que tu exerces?

  3. Bjr tu as du courage !!!mais moi aussi je suis pas du genre a me laisser faire déja pour le principe et le respect de notre métier !!! on rencontre certain avantages dans ce métier mais aussi des parents pas tres respectueux !!!tu es syndicé comment as tu fait ??? Merci de me répondre et bonne journée mamienounou disco

    1. Couucou Francine !
      le respect est très important pour moi également, c’est la base de tout, puis vient la confiance. Pour le syndicat, je suis à la SPAMAF, je suis allée sur leur site, puis j’ai souscrit tout simplement. Pour choisir un syndicat, il faut que celui-ci est notre profession en spécificités. C’est important… bises mamie disco 😉

  4. Bonjour , quelle aventure en effet! mais on m’a toujours soutenue que l’engagement réciproque signé pour un enfant « à naitre » n’était pas valable… Que ça ne pouvait se faire que lorsque l’enfant est né! Ce sont les prud’hommes qui ont tranchés ou une négociation entre le syndic et les parents?

    1. En tout cas mon syndica ne m’en a pas parlé ce cette clause… c’est lui qui a expliqué aux parents dans quelle situation ils s’étaient mis et qu’en fonction de leur attitude une procédure au x prud’hommes était envisageable. qui t’as soutenu que ce n’est pas valable ?

  5. aye ! nous sommes vraiment mal considérées, au dernier moment un changement, et qui en fait les frais ? l’ass mat, pas le parent. le bec dans l’eau quoi. moi j’ai 4 agréments, mais mes enfants ne sont plus à charge c’est peut-être pour ça. je vais avoir un 6 ème contrat à la fin du mois, les parents n’ont pas l’air de trouver ça inquiétant, peut-être les premiers jours mais à la fin ils disent que ça a vraiment stimulé leur enfant dans le bon sens.

  6. Bonjour Nanie,

    Vous m’aviez parlé de cette « affaire », et en relisant les messages sms, je m’aperçois que cela a dû être dure, cette maman ne sait pas ce qu’elle a perdu, moi qui vous connait maintenant, je sais que vous êtes entière et savez dire les choses quand il y a besoin. De plus, vous avez dû leur expliquer correctement les choses (le côté administratif remarquable de Nanie 😉 ) que vous savez bien utilisé pour expliquer la moindre chose ou information que vous nous transmettez.
    Je pense qu’il y a eu une grande mauvaise foi, et qu’au lieu de dire franchement les choses (ce qui aurait peu être pu désamorcé un peu l’affaire), ils se sont enfoncés …
    Malgré tout, vous avez su rester vous même et prendre soin de nos bambins … ce que je vous remercie, et maintenant, nous avons notre petite bouille d’Enora, qui est adorable, et qui s’entend fort bien avec ses petits camarades.
    Vous avez une bonne équipe de coccilous, et soyez en fière, car s’est en grande partie grace à vous.
    Laissez les gens à leur bêtise, il est sur que 4 enfants pour certaines puer cela aurait été trop, mais vous savez vous organiser, et la preuve en est que tout ce petit monde va très très bien.
    Du plus petit au plus grand, ils sont tous épanouis 😉
    En tant que parent, nous vous avons fait confiance, et ne le regrettons en rien, même maintenant ou tout nos enfants sont ensembles chez vous, ils évoluent (et s’est bien le mot) de la meilleure façon qui soit.
    Vive les coccilous et leur Nanie 😉

  7. 🙂 merci 🙂
    Les Coccilous apprennent chaque jour à vivre ensemble, ils s’observent énormément et lorsqu’ils arrivent à m’oublier 5 minutes, je vois des lueurs dans les yeux, des expressions amusantes ou des regards interrogateurs… c’est très enrichissant pour eux et pour moi. Je me rends compte par ce petit recul à quel stade ils en sont, les avancées, les marches arrière… Je ne les force pas, ils évoluent selon leur rythme et leurs envies de jeunes enfants. Et je constate vraiment l’équilibre entre petits et grands.
    Quant à la bêtise des gens, je ne peux rien y faire seulement les inviter au dialogue, car j’aime comprendre les gens avant de « poser une étiquette » ou un préjugé… les seules choses que je ne tolère pas est le manque de respect et l’esquive.

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